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Zita, juste essentiel…

D’aucuns, lorsqu’ils ressentent les signes avant-coureurs d’un moral en berne à venir, d’une perçante petite crise de spleen existentiel, se rendent illico presto et la mort dans l’âme dans un de ces séjours aseptisés et moyen-montagneux où il est de bon ton de placer tous ses espoirs de retour à la vitalité dans le morne et monochromique ballet des robes de chambre molles et dans l’inévitable verre d’eau tiède avalé, avec toute la solennité de l’évènement, à heures tristement régulières.

A chacun sa méthode.

Pour ma part, je congédie immanquablement mes coups de mou par une salvatrice visite dans l’une des plus délicieuses et néanmoins énergisantes boutique de mode clermontoise, la singulière Zita. Je ne sais si la plus que charmante Aurélie Saillard qui vous y accueille a choisi ce nom voilà sept ans en référence à Zita, la dernière impératrice Austro-Hongroise, adorée de son peuple, qui connut une vie trépidante et qui laisse dans l’histoire le souvenir d’une femme à l’intelligence et à la beauté hors norme ou à Zita, la divine et sainte patronne des gitanes.

En tout cas, quelle que soit l’égérie revendiquée, le message est clair : «Toi qui cherches du pré-mâché, du commun et du réchauffé, passe ton chemin !» Car si Aurélie Saillard a fait évoluer le concept de son magasin, passant d’un univers tendance «original bazar indien» au charme d’un cosy et accueillant salon contemporain, sa philosophie n’a pas changé quant à son désir  «d’inviter la femme à sortir des sentiers battus en proposant une mode créative et de caractère, véritablement différente du réseau classique des habituels distributeurs, à des prix pour le moins incroyablement abordables.»

Le troublant charme d’Aurélie Saillard (je sais, je me répète, mais on me demande de relater ce que j’ai vu, non ?) suffirait à vous convaincre de la sincérité de sa démarche mais ce serait faire injure à sa très belle éthique professionnelle toute en sensibilité et en goût des autres qui vise à révéler au grand jour l’incomparable et jamais suffisamment louée beauté féminine.

L’enthousiasme d’Aurélie Saillard à courir les salons, à explorer indifféremment les ateliers ou les pages web des créateurs explique en partie cette sélection unique sur la place clermontoise de marques souvent inconnues du grand public mais infiniment pétries d’originalité et de talent. «Je ne propose que les articles que j’adore», dit-elle, et comme en plus de son immense disposition à repérer les styles inimitables, elle ne déroge jamais sur l’excellence de la qualité en matière de confection. Chaque vêtement mis en vente chez Zita ne peut qu’éveiller le désir d’être irrésistible.

Citons pour l’occasion, puisqu’elle enrichit tous les quinze jours son stock de nouvelles propositions (mais attention, toujours en très peu d’exemplaires), quelques marques avec qui elle entretient une vraie complicité depuis des années pour le plus grand plaisir d’une clientèle définitivement conquise.

Ainsi JAD créatrice anglaise qui excelle dans la composition de looks rétros, genre élégance féminine des années trente ou STRASS, la remarquable marque française jalousement réservée aux femmes qui irradient de féminité et dont les coupes sont juste parfaites, ou encore Rinascimiento, groupe de stylistes italiens qui aiment à cultiver une récurrence quasi systématique à la femme glamour, ou encore LA PETITE FRANÇAISE, référence absolue de romantisme de par les formes et les matières et que la maison invite à porter de façon un peu trash pour coller à l’air du temps voire enfin l’étonnante Miss Miss avec ses articles aussi sensuels que précis.

Mais Zita est un peu plus qu’une boutique de fringues décalées, adorables et accessibles à chacune, c’est aussi le lieu où l’on cultive à loisir le goût du beau et le sens de l’esthétique sans tomber dans la lourdeur de l’ostentatoire et de la démonsration. Libre à chacune et à chacun donc de flâner autour de la très étonnante “table à chine” (garnie d’objets dérivés d’oeuvres d’art ultra contemporaine ou de livres pointus voire introuvables sur l’art, l’urbanisme ou l’architecture), s’installer dans un des anciens sièges de l’Opéra de Thiers pour, c’est selon, consulter des livres d’art ou bien monter à l’étage pour découvrir une exposition de jeunes artistes contemporains invités par qui vous savez au gré de ses coups de coeur. Il faut dire qu’Aurélie Saillard cultive en plus de sa passion pour la mode féminine un goût très prononcé pour les beaux objets qu’elle adore chiner voire même restaurer, l’agrément intérieur de Zita en atteste par mille détails qui vont du dressing à la caisse enregistreuse. Vous pourrez surtout vous laisser séduire par les splendides et originaux bijoux sélectionnés avec la même parfaite rigueur pour leur compatibilité avec la philosophie maison. Je ne vous cache pas que pour ma part, devoir choisir entre le talent de la londonienne Taty Devine, de la thaïlandaise Day Defy ou la française Fanny Fouks relève de l’exploit ou d’une force de caractère que je ne me connais pas.

Mais je sais aussi qu’il me faut cesser là l’inventaire des raisons qui conduisent à se rendre dans cette si atypique boutique, le vertige commence à me prendre et si je faisais en plus état du sourire d’Aurélie Saillard, je n’aurais d’autre salvatrice solution que la fuite vers le vilain peignoir et l’insipide verre d’eau…
CharlyM


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